TEST – Stranger of Paradise: Final Fantasy Origins est un jeu chaotique

Patrick Tremblay
Patrick Tremblay
lecture de 19 minutes

Vivez la toute première aventure des guerriers de la lumière dans ce spin-off chaotique de Final Fantasy

Développé par Team Ninja et édité par Square Enix, le tout nouveau spin-off de la très réputée franchise Final Fantasy, baptisée Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin, est arrivé sur nos consoles le 18 mars dernier et, ma foi, d’une façon très… chaotique.

Après des démos qui semblaient présager un jeu riche en action mais vide en narration, est-ce que Team Ninja a été en mesure de mettre un terme à cette folie des mèmes en lien avec Jack et Chaos?

Un des classiques mèmes

Mettons tout de suite les choses au clair avant de poursuivre, voulez-vous? Le jeu n’est pas un désastre total, loin de là. Mais ce spin-off est, malgré tout, très loin des classiques de la franchise et est, ma foi, chaotique.

Pour ceux et celles qui connaissent le studio Team Ninja, vous savez qu’en général, les jeux proposés sont excellents, surtout pour les fans de jeux de franchises comme Nioh, Ninja Gaiden, Dead or Alive ou même les musous comme Hyrule Warriors ou même Fire Emblem Warriors: Three Hopes. Voilà maintenant que ceux-ci se sont attaqués à une demande de Square Enix : créer un jeu à la Nioh à la limite d’un Souls-like dans l’univers des guerriers de la lumière.

Vous aurez donc droit ici à un jeu de type Action-RPG très rapide, punitif et bourré de combats très stressants et difficiles dans des donjons bourrés de pièges et de puzzles dans lequel vous devrez améliorer les armes et les armures de votre groupe.

Une histoire pleine de… chaos

Dans un élan narratif à la fois vide et inutile, vous apprendrez l’histoire des trois guerriers à la recherche de la quête ultime : éliminer Chaos. C’est tout se dont Jack Garland, le protagoniste principal possédant un cristal obscure, désire plus que tout au monde pendant que ses deux acolytes, Ash et Jed, eux également porteurs d’une pierre noire, se contentent de suivre. En fait, nous pourrions même dire que Jack est un simple d’esprit car la seule chose qui l’incombe par-dessus tout, c’est de trouver Chaos et de l’éliminer. Le bon roi de Cornélia, connaissant la valeur des trois combattants, leur proposa un marché : pénétrer le temple du chaos et y éliminer les sources du mal. C’est à ce moment que notre trio fera la rencontre de Neon, une guerrière déchue porteuse d’une pierre également. C’est alors que notre groupe sera considéré, selon la légende, comme les guerriers munis des cristaux de la lumière là pour éliminer la noirceur.

Le but ultime? Restaurer le pouvoir des cristaux de la terre, du feu, de l’eau et de l’air afin de pouvoir vaincre le chaos. Mais… et Chaos, lui? Ça, je ne vous en dis pas plus!

Je parlais, plus haut, d’un élan narratif à la fois vide et inutile et, sincèrement je crois que c’est ce qui gâche le plus le jeu et ne nous donne pas envie d’y jouer autant qu’on aimerait. Bourré de clichés pathétiques et de dialogues insipides, vous risquez d’esquisser un coin de sourire avec quelques petits dialogues çà et là incluant quand Jed demande à Jack quand il a enseigné la mélodie qu’il chantonne à la princesse, Sarah. En fait, il s’agit de la chanson thème classique des premiers jeux Final Fantasy.

Jack chante le thème de Final Fantasy

Heureusement, le système de combats est génial

Fort heureusement, dès le moment où vous mettez de côté les scènes insipides, vous vous retrouvez derrière les commandes dans les donjons et les choses s’améliorent grâce à un système de combat très rapide, fluide, bien orchestré et avec une panoplie d’options. Contrairement à la plupart des jeux similaires, vous remarquerez assez rapidement qu’il n’y a pas de barre d’endurance. Vous aurez donc la possibilité de frapper, d’esquiver, de bloquer et de courir aussi longtemps et souvent que vous le désirez. Les seules barres que vous devez vous préoccuper seront celles de votre vie, de la magie et de posture.

La jauge de magie est divisée en plusieurs portions qui se regénèrent lors des combats et celle-ci vous permettra de lancer des sorts ou d’exécuter des compétences spéciales avec vos armes. Elle est donc la jauge principale à maîtriser si vous désirez être en mesure de pouvoir effectuer des combos qui infligeront de lourds dégâts. Exécutez vos ennemis dont la posture est brisée ou effectuez des parades parfaites et vous serez en mesure de restaurer votre jauge très rapidement. Vous aurez également accès à bloquer les attaques et les compétences de vos adversaires, résorbant la quantité de vie que vous perdez par l’attaque. De plus, le fait de bloquer ces attaques ou ces compétences vous permettront, par moment, de les copier afin de pouvoir les utiliser temporairement à votre tour. Lorsque vous voyez votre ennemi vous attaquer, vous serez en mesure de voir la technique qu’il usera contre vous et s’illuminer dans un halo violet ou rouge. Si le halo est violet, vous serez en mesure de bloquer l’assaut et de copier la compétence. Si le halo est rouge, vous ne pourrez ni la copier, ni la dupliquer. Votre manoeuvre ultime, ici, sera de l’esquiver pour éviter les dégâts.

De son côté, la jauge de posture se réduit à chaque coup que nous recevons, que nous parvenions à le bloquer ou non, ou à chaque fois que nous maintenons le bouton de blocage enfoncé. Celle-ci se régénère assez rapidement si nous n’effectuons aucune action. Cependant, si vous laissez la barre atteindre le zéro, vous serez sonné, étourdi et, surtout, exposé à toutes attaques pendant quelques cruciales secondes. Cela dit, les ennemis possèdent également cette jauge, vous permettant également de briser leur garde pour les étourdir, vous permettant ainsi de pouvoir exécuter votre adversaire de façon efficace et spectaculaire, ce qui aura pour effet d’alimenter votre barre de mana du même coup.

Maintenant, plaçons de côté ces jauges et concentrons-nous sur le gameplay de combat qui vous obligera à utiliser un large éventail d’armes, de magies et de compétences puisque vous aurez accès à changer de classes, ce fameux classique des Final Fantasy, selon des arbres de talents mais également parce que les créatures que vous affrontez auront, comme dans tous les jeux de la franchise, des résistances et des faiblesses, que ce soit élémentaires ou même au niveau des armes. Par exemple, un Bombo sera fragile contre les attaques de glace mais, à l’inverse, des attaques de feu viendront le regénérer, le faire grossir et, au final, le faire exploser, causant de très lourds dégâts dans une vaste zone d’effet.

Comme vous pouvez le deviner, les classes du jeu nous donnent accès à une série de compétences et de mécanismes exclusifs. Par exemple, le Dragoon aura la compétence de sauter dans les airs afin de piquer lance première sur son assaillant tandis que le Samurai, lui, boostera son attaque offensive et ses capacités à contrer. Un point très plaisant est celui du fait que vous pouvez interchanger entre deux classes comme bon vous semble tout le long d’un donjon par la pression d’un seul bouton. Ces deux classes monteront en niveau selon leur utilisation, déverrouillant de nouvelles techniques dans l’arbre de compétences de chacune d’elle. Maîtrisez plusieurs classes et obtenez des classes supérieures encore plus féroces. Par exemple, maîtrisez le mage blanc et le guerrier et vous obtiendrez le paladin et ses compétences sacrées.

Un autre aspect plaisant du jeu est le fait que vous n’êtes pas en solo dans l’aventure : vous aurez toujours deux compagnons à vos côtés qui serviront principalement à distraire les hordes qui vous attaquent et faire du dégât additionnel, que ce soit avec l’intelligence artificielle ou avec vos amis via le jeu en ligne par Internet.

Au fait, le jeu possède trois niveaux différents de difficulté que vous pouvez modifier à tout moment. Easy est tellement facile que je le proposerais aux gens qui ne veulent que vivre l’histoire. Normal est somme toute bien équilibré et propose des défis intéressants sans pour autant être frustrants. Hard, quant à lui, nous rappelle la démo que nous avons joué et, également, que le studio qui est derrière le jeu est celui qui a conçu Nioh et Ninja Gaiden! Une fois le jeu terminé, vous aurez accès à un quatrième niveau de difficulté qui servira principalement à vous permettre de monter le niveau de toutes vos classes et d’obtenir de meilleures récompenses.

Tout au long de vos périples, vous récupèrerez des pièces d’équipements qui vous seront utiles tout au long de votre aventure. Avec un sac pouvant porter jusqu’à 500 armes et armures, sachez cependant que vous aurez vite fait de le remplir et personne ne vous dictera que la seule façon de pouvoir vider votre sac est de vous rendre à Cornélia rencontrer le forgeron entre chaque donjon car vous n’aurez pas la possibilité de vider votre sac en pleine quête.

Vous avez peur de ne pas savoir quelle pièce d’équipement est la mieux adaptée pour votre classe? Ne vous en faites pas! Encore là, la pression d’un simple bouton viendra optimiser l’équipement complet de votre équipe entière. Pas de cassage de tête!

De plus, comme vous récupérez une multitude de morceaux partout sur les créatures ou dans les coffres, vous vous rendrez rapidement compte que la plupart de ce que vous amassez ne sont que de vulgaires déchets inutiles qui vous feront perdre votre temps quand viendra le moment de vous rendre en ville pour vous en débarrasser. Oh et il n’y a pas de système de tri à proprement dit alors faite gaffe de ne pas vendre une pièce d’équipement que l’un de vos personnages porte par accident, surveillez les indicateurs scrupuleusement!

Vive le système de combat, mais pas les donjons

Autre point très désolant du jeu, malheureusement : ses donjons. La conception des niveaux est à la fois fade, ennuyeuse, très linéaire et tellement redondante! La carte n’affiche pas très bien où sont placés les ennemis, les obstacles sont prévisibles, les donjons sont souvent de simples petits corridors et couloirs sombres qui sont trop simples ou pire, des labyrinthes dans lesquels vous vous perdrez pendant quelques minutes inutilement car vous aurez tourné dans un corridor que vous avez déjà fait ou votre caméra vous aura joué des tours.

Ajoutez à cela les missions secondaires qui recyclent sans honte les mêmes donjons mais, la plupart du temps, que vous retraversez en sens inverse sans jamais vraiment créer de situations nouvelles mais en prenant soin de changer le bestiaire qui, également, n’est pas très riche malgré les nombreuses créatures que nous pouvons rencontrer dans les divers jeux Final Fantasy.

Heureusement que les boss des différents donjons, quant à eux, sont spectaculaires et les combats sortent réellement de l’ordinaire et vous poussent à réfléchir avant de foncer tête baissée.

Avec ses donjons linéaires, son histoire inutile et les combats extrêmement rapides, attendez-vous de compléter le jeu en un peu moins de 20 heures si vous jouez en mode “Normal”, surtout si vous ne faites pas vraiment les quêtes secondaires.

Mais où est la direction artistique?!

Malheureusement, vient le temps de parler des graphismes du jeu. Je ne sais pas où la direction artistique a voulu se lancer mais on dirait qu’ils ont voulu recréer un univers aux apparences réalistes mais plus sombre, le tout envelopper dans des graphismes qui craquent par moment par la pixellisation, le flou, le “trop sombre” et un design de personnages et de monstres totalement décourageant. Étant fan de la franchise depuis des lustres, je me serais attendu à un jeu où la qualité graphique vient, à la limite, égaler Final Fantasy VII Remake, Final Fantasy XV ou au moins Final Fantasy XIV. Hélas, même Nioh et Nioh 2, qui ont vu jour sur la génération précédente, avaient de meilleurs visuels à proposer! En fait, les graphismes et l’esthétique des différents donjons est tel que cela affecte même la navigation car les pièces et les couloirs sont tellement mal détaillé qu’il nous est difficile de nous orienter adéquatement ou même d’éliminer cette sensation d’être dans le même corridor depuis cinq minutes. Combiner ces visuels à ce scénario sans âme et vous en tomberez royalement en bas de votre chaise.

Pour couronner le tout, techniquement ça n’est pas génial non plus! Une très mauvaise résolution qui rend l’image toujours très floue sur XBox Series X, un Mode Performance qui a de la difficulté à maintenir 60 IPS, les textures rudes et pauvres, un manque flagrant d’éclairage et un côté sombre très mal détaillé, le tout vient briser assez rapidement les cinématiques qui, elles, sont superbes avec des personnages aux expressions faciales très présentes.

Heureusement, la musique du jeu et les effets sonores sont, quant à eux, très bien réussis. Les trames classiques du premier Final Fantasy entièrement modernisées viennent charmer mon oreille en même temps d’appeler à la nostalgie d’antan. Le doublage des personnages est bien, autant en anglais qu’en japonais, sachant que ce qui brise le tout n’est pas les voix des protagonistes en soi mais vraiment le script narratif qui, je présume ne doit faire que deux pages, correspond aux dialogues complets de tous les personnages du jeu.

Une conclusion qui sombre dans le chaos total

Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin est un jeu qui avait beaucoup de potentiel et dont j’avais extrêmement hâte de jouer mais, malheureusement, qui a échoué sur un paquet d’aspects. C’est vraiment dommage, sachant que Team Ninja est un excellent développeur et que la franchise Final Fantasy est un culte à tous les fans de jeux RPG. Mais qu’est-ce qui a bien pu arriver? Au moins, le système de combat est génial et les boss sont spectaculaires. Les donjons vides, le bestiaire limité, les missions secondaires qui vous ramènent dans le même foutu donjon sans rien modifier, le système d’objets qui vous lance des déchets par 200 par donjon qui viendra prendre plus de 10 minutes à vider de votre inventaire et le narratif vide et insipide viendra cependant gâcher tout.

C’est dommage mais… attendez définitivement une baisse de prix!

Un énorme “MERCI” à Square Enix pour la copie du jeu!

Nom du jeuStranger of Paradise: Final Fantasy Origin
Date de sortie18 mars 2022
DéveloppeurTeam Ninja
SérieFinal Fantasy
ÉditeurSquare Enix
Plates-formesPC, PlayStation 4, PlayStation 5, XBox One, XBox Series S|X
GenreJeu de rôle, Action-RPG, jeu d’aventure
Mode de jeuSolo, Coop
LangueAnglais/Japonais (sous-titré français)

Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin

79.99$
6.5

Graphismes

6.3/10

Trame Sonore

8.1/10

Jouabilité

8.3/10

Scénario

4.3/10

Durée de vie

5.4/10

Pour

  • Le système de combat complet
  • Les classes
  • La variété d'armes et d'armures
  • Les boss

Contre

  • Le visuel
  • Le level design vide
  • Les missions secondaires
  • L'histoire vide et le narratif atroce
  • Le système de "loot"
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Père de famille, gamer, chroniqueur pour Métro Média, développeur de jeu indépendant et programmeur dans la vie de tous les jours : j'initie mes enfants au plaisir du gaming avec les classiques des anciennes générations ainsi que les jeux récents.
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