TEST – God Of War: Ragnarök est riche, intense et à couper le souffle

Patrick Tremblay
Patrick Tremblay
lecture de 18 minutes

Qui aurait pu imaginer à quel point j’ai l’impression de me retrouver dans l’homme qu’est Kratos.

Qui aurait cru, au E3 en 2016 lors de la révélation de la nouvelle mouture de God Of War, que ce jeu deviendrait un incontournable? Beaucoup parlaient de l’aspect des contrôles, de la vue par-dessus l’épaule, des combats qui sont beaucoup plus nerveux que les simples tournoiements de nos lames contre des hordes de créatures, etc. Heureusement, Santa Monica Studio a su nous démontrer que le jeu allait être un chef d’oeuvre et proposer une aventure des plus inspirante et géniale. Maintenant, c’est au tour de la conclusion de cette superbe aventure en territoire norse pour Kratos et son fils, Atreus, dans God Of War: Ragnarök.

Un petit retour sur ce qui s’est passé dans le précédent God Of War

Dans le précédent God Of War, nous faisions la connaissance d’un Kratos veuf pour la seconde fois, seul à assurer le rôle parental d’un fils, Atreus. Après la mort de son épouse, Faye, Kratos et son fils avaient pour mission de répandre les cendres de celle-ci sur le plus haut sommet du royaume. C’est sur le départ que Kratos tombera face-à-face avec un étranger particulier qui agressera sans vergogne le spartiate et sera vaincu.

Cet inconnu, qui se révéla être Baldur, continuait de traquer notre duo, recrutant Magni et Modi, les fils de Thor, afin de les éliminer. Heureusement, la rencontre avec Mimir le sage, les frères nains Brok et Sindri, Freya elle-même ainsi que plusieurs autres, nos aventuriers réussirent à progresser dans leur périple.

Un trouble de santé d’Atreus obligea Kratos à récupérer ses Lames du Chaos pour sauver sa progéniture qui, par la suite, apprit qu’il était, en fait, le fils d’un Dieu, le Dieu de la guerre spartiate lui-même. Cette révélation rendit le gamin arrogant et commença à se croire invincible. Hélas, Baldur n’entendait pas rire et le kidnappa, forçant Kratos à le pourchasser.

C’est à ce moment que, finalement, Baldur l’immortel fut tué par notre héros et son fils, le tout grâce à une flèche de gui lancée par le jeune demi-dieu et un coup mortel bien placé par Kratos.

Hélas, malgré les supplications de Freya de ne pas éliminer son fils, elle le vit mourir devant ses yeux et sombra dans la rage et le désespoir. D’un autre côté, la destruction de Baldur enclencha le Fimbulvetr, un hiver sans fin précédant le Ragnarök. God of War s’est terminé par une fresque inquiétante à Jotunheim qui dépeignait la mort de Kratos.

Trois années se sont écoulées depuis

Voilà que le temps s’est écoulé et l’eau a coulé sous les ponts ou, plutôt, la neige s’est accumulée au sol. Nous voyons, un peu à la façon de l’introduction du précédent titre, Atreus qui a, ma foi, bien grandi depuis le moment où il a enfin jeté les cendres de sa défunte mère. Celui-ci arrive, seul, avec un cerf qu’il venait tout juste d’abattre. Son air stoïque démontre à quel point notre jeune demi-dieu a pris de la maturité depuis le début de cet hiver sans fin.

De voir Atreus qui est devenu un adolescent responsable et mature nous dévoile tout de même assez rapidement que celui-ci est devenu plus attentionné. Le retour à la maison ne se fera malheureusement pas sans heurts puisque nos protagonistes seront pris d’assaut par un ennemi sans pitié alors qu’ils circulent en traineau avec leurs loups.

Atreus n’osera pas décocher une flèche sur l’ennemi et s’en excusera par la suite, laissant place à une très grande discussion profonde entre le jeune homme et son colosse de père qui semble avoir bien changé puisqu’il explique à son fils, d’un ton réprobateur, qu’il n’aurait pas voulu qu’il décoche sa flèche.

Juste par cette introduction au jeu, suivi des quelques moments suivants qui dureront environ une heure pour vous présenter l’évolution de nos personnages au fil des années passées, vous garderont scotché à votre sofa, la bouche grande ouverte et les yeux remplis d’étonnement.

Juste par ces quelques lignes, je crois bien que j’ai conservé votre attention quant à ce qui se trame dans cette histoire où le temps joue contre notre Dieu de la guerre et son fils. Arriveront-ils à éviter le Ragnarök? Réussiront-ils à sauver les gens qu’ils aiment de la destruction?

Un gameplay qui n’a pas trop changé mais qui a été amélioré

D’entrée de jeu, je me dois de vous parler du gameplay du jeu. Bien entendu, God Of War: Ragnarök se joue, encore une fois, en vue à la troisième personne avec une caméra par-dessus l’épaule. Dès le départ, nous aurons accès à notre hache du Léviathan ainsi que nos Lames du Chaos du côté de Kratos et un arc du côté d’Atreus. Le tout a tellement été pensé de façon à se jouer avec toutes les similitudes qu’honnêtement, vous vous souviendrez forcément des différents boutons d’action dès le départ. Je me dois de dire que ce fut déjà un réel plaisir que de commencer un combat en prenant ma hache à deux mains et en la lançant en pleine gueule d’un adversaire pour ensuite appuyer sur triangle pour rappeler mon arme à ma main!

Bien entendu, il faut s’attendre à quelques nouveautés. Entre autre, il est maintenant possible, grâce à des attaques runiques, de congeler instantanément votre hache avant de frapper un ennemi ou de la lancer à bout de bras, infligeant des dégâts de givre supplémentaire à votre coup. Du côté des Lames, vous aurez également la possibilité de faire tournoyer vos lames pour les embraser et, finalement, les abattre sur le crâne d’un adversaire au loin, infligeant des dégâts de feu additionnels.

Heureusement, le jeu vous dévoilera quelques-unes des créatures de départ de façon assez bien. Celles-ci ne seront pas trop difficiles, le temps de vous habituer à maîtriser vos attaques et les quelques nouvelles techniques de combat de base, mais il faudra vous attendre à ce que ça ne soit pas aussi facile tout le long! Vous allez voir que les créatures sont plus rapides, plus féroces, semblent avoir une intelligence beaucoup plus adaptée et seront beaucoup plus intenses. Ne soyez pas surpris si vos affrontements contre certains boss ou même uniquement certains adversaires plus coriaces prennent un peu plus de votre temps et vous envoient dans une mort certaine à quelques reprises. Certaines créatures, qui n’étaient absolument pas des boss, pouvaient même m’enlever la moitié de ma barre de vie d’un seul coup!

Parlant des ennemis, sachez que le studio a remédié à l’un des problèmes qui avait été reproché dans le précédent jeu : l’absence de variété. Beaucoup de créatures étaient toujours les mêmes, avec quelques légères variations, ce qui n’est franchement pas le cas ici car bon nombre de vos assaillants seront différents selon les royaumes que vous allez explorer, vous offrant une très belle variété d’ennemis, tous dotés de leurs propres caractéristiques.

Les combats sont à la fois simples et complexes, d’ailleurs. Chaque monstre aura ses propres attaques et sa propre mentalité lors des affrontement mais, également, un système de gestion des frappes selon les couleurs. Si une créature vous frappe sans qu’un cercle se dévoile, il s’agit d’un coup normal qui peut être bloqué, paré ou esquivé. Si celle-ci vous attaque et qu’un cercle jaune se forme, il s’agit d’une attaque qui ne peut être bloquée mais peut être parée ou esquivé sans soucis. Si vous réussissez à effectuer une parade au bon moment, non seulement vous allez réussir à bloquer le coup mais vous allez stopper net l’assaut de votre assaillant. Un cercle rouge lors d’une frappe indiquera que le coup ne peut être ni bloqué, ni paré et que la seule option qui s’offre à vous sera de l’esquiver. Finalement, un cercle bleu signifie que l’action peut être brisée grâce à votre bouclier. En appuyant deux fois sur L1 à l’affichage des cercles bleus vous permettra de charger l’ennemi et de lui foutre un bon coup de bouclier en pleine tronche pour l’empêcher de compléter son action. Le tout se déroulant à une vitesse relativement rapide mais offrant des effets de ralentissement dans certaines situations.

La gestion des équipements

Encore une fois, grâce à Brok et Sindri, vous aurez la possibilité de forger des pièces d’armures comme un torse, des bracelets et une ceintre, des objets spéciaux et des runes que vous pourrez placer sur vos armes. Ajoutez à la conception de ces éléments la possibilité également de pouvoir les améliorer, le tout grâce à des composantes que vous trouverez par terre, sur des créatures ou dans des coffres.

Visuellement, encore une fois, chaque pièce que vous allez concevoir sera distinct et donnera un nouveau visuel à vos personnages, permettant ainsi de pouvoir personnaliser son style non seulement avec les points de statistiques que vous allez avoir sur chaque pièce mais également le visuel que vous désirez arborer.

De nombreuses quêtes qui ne sont absolument pas inutiles

Dans God Of War: Ragnarök, vous allez avoir une quête principale, bien entendu, qui sera scindée en plusieurs parties. Ajoutez à cela de nombreuses quêtes secondaires qui sont facultatives qui ne sont absolument pas obligatoires mais qui vous offriront bien des surprises si vous les complétez. Certaines vous permettront d’en apprendre plus sur les différents personnages de l’univers nordique de God of War, même Mimir.

D’ailleurs, quel plaisir que de pouvoir entendre les dialogues que Kratos peut avoir avec notre fameuse tête la plus intelligente qui soit. Des histoires racontées par le Dieu décapité, des faveurs pour tenter de se faire pardonner auprès de certains peuples pour des actions commises par le passé afin de combler les désirs du Dieu Odin et même des situations assez troublantes qui rappelleront des éléments du passé de notre cher Kratos.

En fait, je parle des discussions avec Mimir mais je pourrais tout aussi bien dire avec Atreus, Sindri, Brok et les autres puisque les dialogues sont omniprésents dans le jeu, cachant toute possibilité de sensation de vide absolu.

Une histoire touchante, intrigante et déchirante

J’ai personnellement été très touché par la superbe histoire proposée par Ragnarök. Voir ici les tribulations d’un père qui tente de tout faire pour protéger son fils qui, de son côté, a tendance à être plus têtu et explosif, qui croit que la bonté se retrouve dans le coeur de tout un chacun et, surtout, qui désire en apprendre plus sur qui il est, qui était sa mère, d’où il vient et où il doit s’en aller. Sentir un Kratos qui semble meurtri par son passé et qui tente désespérément de faire comprendre à son fils que la guerre n’est pas toujours la solution à toute chose. De l’autre côté, percevoir la vivacité d’esprit d’un jeune adolescent qui tente désespérément de chercher l’approbation de son père.

Atreus est demeuré obsédé par les prophéties des géants révélées sur les tablettes à la fin de God of War. De son côté, Kratos a vu ce qui semblait l’attendre et son seul souci est de veiller à la sécurité de son fils. Plus les tensions deviennent palpables, plus nos deux protagonistes commencent à avoir des prises de becs. Atreus n’espérant que d’avoir la pleine confiance de son père finira souvent par se heurter constamment aux propos désapprobateurs et accusateurs de celui-ci, causant encore plus de frictions.

En fait, c’est carrément un dilemme père-fils où, par moment, l’un comme l’autre cache des secrets à l’autre pour éviter de le blesser. Une situation comme nous pouvons le voir dans la vie de tous les jours si nous faisons abstraction des combats sanglants où des créatures se font éventrer, décapiter, déchiqueter et tout, et tout.

Une direction artistique encore une fois à couper le souffle

Ce coup-ci, ce n’est pas Cory Barlog qui est derrière le jeu mais plutôt Eric Williams qui est également un vétéran de la franchise. Non pas parce que le travail de Cory n’était pas exceptionnel mais plutôt parce que, du côté de Santa Monica Studio, la façon de procéder est de changer la direction artistique à chaque jeu afin de pouvoir proposer de nouvelles perspectives à chaque fois, permettant également d’éviter de tomber dans la fatigue et la routine en offrant quelque chose de trop identique. Je me dois de dire que c’est une très belle façon de voir les choses et ça se ressent également dans le jeu car, autant graphiquement qu’au niveau de la trame sonore, on ressent clairement tout l’amour qui a été placé dans le jeu. Sans oublier le jeu d’acteur au niveau de la narration, que vous jouiez le jeu en français, en anglais ou dans toute autre langue, le tout a été accompli avec brio. Les émotions sont présentes dans l’intonation des voix, les dialogues sont géniaux et, sincèrement, vous jouez le jeu et vous avez l’impression de regarder un film interactif tout le long.

Pour conclure le tout

Décidément, le jeu nous propose ici, grâce à son histoire intrigante, ses personnages, les graphismes géniaux, la vision de la caméra, la trame sonore époustouflantes et ses cinématiques à couper le souffle, l’une des meilleures expériences vidéoludiques qui soient. Explorer les neuf royaumes plus de 36 heures a été parmi les meilleures expériences que j’ai eues avec les jeux vidéo. Mais, par-dessus tout, ce qui m’a réellement conquis ici n’est pas cela mais plutôt la relation entre un père et son fils. Combien de fois ai-je discuté avec ma conjointe en lui disant “il s’est passé telle chose dans le jeu, ça m’a refait penser à telle situation avec mon grand!” après une de mes nombreuses séances de jeu.

Ça a été très difficile pour moi de vous faire le test de ce jeu complet en évitant les divulgâcheurs (spoilers) et j’ai dû éditer et modifier mon texte à plusieurs reprises afin d’éviter d’en dire trop… mais je peux me permettre de vous dire une chose : God Of War: Ragnarök est une conclusion formidablement exceptionnelle à cette franchise. Je dépose ma manette, le sourire aux lèvres, et je vous dis ceci : s’il avait été possible de donner 11/10, je l’aurais fait.

Un énorme “MERCI” à PlayStation Canada pour la copie du jeu!

Nom du jeuGod Of War: Ragnarök
Date de sortie9 novembre 2022
DéveloppeurSIE Santa Monica Studio
SérieGod Of War
ÉditeurSony Interactive Entertainment
Plates-formesPlayStation 4, PlayStation 5
GenreJeu d’action-aventure, Hack ‘n’ Slash
Mode de jeuSolo
LangueMultilingue (français inclus)

God Of War: Ragnarök

89.99$
10

Graphismes

10.0/10

Trame Sonore

10.0/10

Jouabilité

10.0/10

Scénario

10.0/10

Durée de vie

10.0/10

Pour

  • Une histoire captivante
  • De superbes graphismes
  • Une trame sonore parfaite
  • Des personnages plus grands que nature
  • L'une des meilleures expériences vidéoludiques qui soient

Contre

  • les graphismes auraient besoin d'un peu plus de détails
  • Quelques problèmes de latence ou de perte de taux de rafraichissement
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Père de famille, gamer, chroniqueur pour Métro Média, développeur de jeu indépendant et programmeur dans la vie de tous les jours : j'initie mes enfants au plaisir du gaming avec les classiques des anciennes générations ainsi que les jeux récents.
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